De gauche à droite : John Densmore, Robbie Krieger, Ray Manzarek et Jim Morrison (1970). AP |
Jimi Hendrix, guitariste de génie, et Jim Morrison, chanteur charismatique des Doors, restent les deux grandes figures légendaires de la musique pop-rock des années 1970. Leur inventivité et leur extravagance mêlant psychédélisme et poésie ont révolutionné la scène musicale dans un monde et une époque encore remués par les révoltes étudiantes. Tous deux morts à l’âge de 27 ans – le premier à Londres d’une overdose ; le second à Paris d’une crise cardiaque – ont rejoint « le club des 27 » dans lequel on retrouve Brian Jones, Janis Joplin, Kurt Cobain et, depuis 2011, Amy Winehouse, eux aussi décédés dans leur vingt-septième année.
Génie sur scène
Dans le cadre de son excellent « Summer of Peace », Arte offre une soirée composée de deux documentaires qui permettent de (re)découvrir la courte vie de Jimi Hendrix et l’univers poétique de Jim Morrison à travers un rare film consacré aux Doors. Si les deux musiciens avaient des styles bien différents, ils se rejoignaient dans le génie lorsqu’ils étaient sur scène.
Avec Hear my Train a Comin’ (un blues écrit par Hendrix en 1967), Bob Smeaton dresse un portrait intime du guitariste où archives inédites (notamment sa toute dernière apparition scénique, sur l’île de Fehmarn, en Allemagne, le 6 septembre 1970, douze jours avant sa mort) et témoignages se succèdent avec en toile de fond la plupart des concerts de celui que tous les musiciens considèrent comme le plus grand guitariste de l’histoire du rock.
De sa première guitare sèche offerte par son père lorsqu’il avait 15 ans à sa réinterprétation hallucinée de l’hymne américain à Woodstock, en 1969, en passant par le fameux concert du Finsbury Astoria à Londres en 1965 où il brûla sa guitare, le réalisateur retrace l’itinéraire de Jimi Hendrix, étoile filante du rock, introverti à la ville et guitariste époustouflant à la scène, jouant aussi bien avec ses dents et sa langue qu’avec sa main gauche…
Roi de l’improvisation à la technique instinctive, de l’effet larsen et de la pédale wah-wah, il a tout de suite surpris de nombreux musiciens qui, à l’instar de Little Richard, l’ont vite vu comme un rival à écarter. Dans le film au montage soigné et bien rythmé, ses amis et musiciens toujours vivants (partenaires du Jimi Hendrix Expérience, Billy Cox ou Paul McCartney) témoignent sur son long et difficile périple avant qu’il n’accède à la reconnaissance et la notoriété. C’est passionnant.
Tout comme ce petit documentaire consacré aux Doors, diffusé à la suite du portrait d’Hendrix. Restauré et remastérisé, il est depuis peu disponible après une longue bataille juridique qui bloquait sa diffusion. C’est l’unique document consacré au groupe fondé par Jim Morrison en 1965 avec l’organiste Ray Manzarek. Tourné pendant cinq mois en 1968 dans une vingtaine de villes des Etats-Unis et autoproduit par les Doors, ce document expérimental et plutôt déroutant a été filmé par Paul Ferrara, lors de la préparation de leur troisième album studio, Waiting for the Sun. Le réalisateur, qui fut un camarade de classe de Jim Morrison lorsqu’il était étudiant en cinéma à Los Angeles, filme le chanteur au plus près.
Des vingt-trois heures de rushes réduites à quarante minutes, on découvre ainsi les coulisses des concerts souvent délirants et le charisme du chanteur au visage d’ange comme lors d’un concert où on le voit transcendé en chantant This is the End.
Hear my Train a Comin’, de Bob Smeaton (EU, 2013, 90 min) et Feast of Friends, de Paul Ferrara et les Doors (EU, 1968, 40 min). Samedi 1er août, à 22 h 15 et 23 h 45, sur Arte.
Daniel Psenny, Le Monde du 1 aout 2015
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