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mardi 9 juin 2015
Les Chedid, à eux quatre, tout un orchestre (Le Monde)
Autour du père Louis, Anna, Joseph et Matthieu offrent un récital où s’entrecroisent leurs talents
En novembre 2014, le Palais Omnysports de Paris-Bercy, qui deviendra à la rentrée, parès travaux, Bercy Arena, avait reçu les Vieilles Canailles. Soit Johnny (Hallyday), Eddy (Mitchell) et Jacques (Dutronc), trois copains d’enfance devenus vedettes dans la génération rock des années 1960. Puis ce furent Alain (Souchon) et Laurent (Voulzy) qui, début mai, au Dôme de Paris, ex-Palais des sports, avant une tournée des grandes salles, ont mis sur scène leur amitié et leur collaboration artistique féconde depuis les années 1970.
Cette fois, ils sont quatre. Non pas copains-copines, mais en famille.
A l’Olympia, à Paris, entre fin mai et début juin, et en route vers quantité de festivals d’été avant retour parisien au – excusez du peu – Palais-Garnier, le 6 septembre.
D’un instrument à l’autre
D’abord c’est Anna, dite Nach, qui se présente. Puis Joseph,dit Selim, puis Matthieu, dit -M-, et enfin Louis... dit Louis. Trois enfants et leur père, la famille Chedid presque au grand complet (la grande sœur, Emilie, réalisatrice, et la grand-mère, Andrée, poète et romancière morte en 2011, sont évoquées). Tour à tour, ils émergent par la face avant, qui tourne sur un axe, de l’un des volumes rectangulaires servant de décor en fond de scène. Anna au piano, Joseph à la guitare, Matthieu à la basse et Louis à la guitare pour la chanson d’ouverture, Ce qu’ils deviennent, composition de la jeune femme, extraite d’un premier album sous le nom de Nach, publié début avril.
Ils sont quatre tout au long de ce plaisant récital mêlant les chansons de l’une et des autres, sans musiciens additionnels, parce que l’on a là des interprètes complets.
Tous plus ou moins poly-instrumentistes qui passent selon les besoins à la basse (que manie plus particulièrement Anna), aux guitares, acoustiques et électriques, aux claviers, à la batterie (poste que Joseph maîtrise mieux et que seul Louis ne va pas occuper). Ce qui fait dire à Louis Chedid : « Quand j’ai besoin d’un orchestre, pas besoin de chercher très loin. »
Tous auteurs-compositeurs aussi. Et tous chanteurs.
En une trentaine de chansons, c’est cet ancrage familial, par sa part de partage artistique, qui est proposé. Au début du concert, tout est simple. Après Anna et sa chanson, c’est Louis qui prend en charge son Tu peux compter sur moi. Joseph présente Paranoïa, tiré de son album Maison rock, et Matthieu l’un de ses plus fameux hymnes, Mojo. Celle-là a cappella, avec des battements de mains pour s’accompagner.
Et peu à peu se dessine un jeu d’échanges. La voix principale d’un thème n’est plus celle de son créateur. Louis Chedid chante L’Amour éternel, de Joseph. Ce dernier lui répond avec son Danseur mondain. Louis encore, qui se régale de devenir le Machistador de -M-, à qui Joseph emprunte La Seine... Les arrangements, très travaillés en studio, sont rapportés à une manière plus sobre, pour l’instrumentation à quatre. Tout cela fonctionne plutôt bien. Avec de beaux entrelacs vocaux, la redécouverte, par une approche acoustique, de certains thèmes.
Louis Chedid et -M-, pour des carrières plus longues, des succès plus établis, dominent dans le répertoire. Des chansons de Nach qui commencent à être repérées, comme Je suis moi ou Cœur de pierre, font entendre leurs jolies manières de comptines un rien fantasques.
Au crédit de Joseph, vocalement plus incertain par endroits, d’indéniables qualités de rythmicien, dans ces métriques qui empruntent aux combinaisons impaires de l’Orient ou de l’Afrique. Un effet de déséquilibre dans la durée du spectacle que -M- et Louis atténuent par l’attention portée aux deux autres.
Sylvain Siclier, Le Monde du 4 juin 2015
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