Le chanteur-bluesman-rockeur-guitariste français est de retour avec un quatorzième album, « Puzzle 14 ». Sa voix rocailleuse et sa six-cordes y tracent les contours des sentiments amoureux et de la violence du monde.
« Puzzle 14 » est-il la suite logique de « Personne à l’ouest », que vous aviez déjà enregistré avec le groupe À l’ouest ?
« On peut dire ça, j’ai voulu garder une équipe avec laquelle j’étais bien, surtout que le début de cet album, ça a été la fin de la tournée à l’été 2013. On rentrait, j’avais plein d’idées en tête, j’ai dit aux mecs « avant que vous ne partiez dans tous les sens, je préférerais qu’on se retrouve ». On a commencé à enregistrer, et ça a été très vite, grâce à cette complicité de tournée. »
L’inspiration était-elle liée à ce que vous aviez vécu ensemble ?
« Pas forcément. Au fil des années, j’emmagasine des tas de choses, j’ai des dictaphones, des petits carnets. Même si, sur le moment, je ne trouve pas ça très génial, parfois, avec du recul, on peut se dire « ça c’est pas mal » ou même « la chanson est là, telle quelle ». Ça fait des années que je ne fais même plus de démo, j’arrive avec mes dictaphones, mes premiers jets, et on voit ce que ça donne avec les musiciens. »
Vous aimez rester dans l’essence du rock’n’roll…
« Je suis une sorte de garçon de la Préhistoire ! J’ai toujours aimé travailler comme ça. Avec des musiciens, parce que ça ne m’intéresse pas de tourner autour de mon nombril. Et puis le studio est un laboratoire, où parfois on est perdu, où parfois on trouve des choses, où surtout on enregistre la musique live. Sur tous mes disques, les prises sont faites avec tout le monde. L’essence de la musique, pour moi, c’est avec des musiciens, et des cœurs qui battent. »
Vous êtes impatient de remonter sur scène ?
« Oui, c’est chouette, une tournée sur trois mois partout en France. Mais je sais qu’il y a une contrepartie : le trac, les doutes. En studio, on sait que si on se plante on peut recommencer. La scène, c’est one shot. Donc il y a toujours cette petite angoisse : est-ce que je vais être à la hauteur, est-ce que je vais être bon, est-ce qu’ils vont aimer ? Comme je laisse de la place à l’impro, que je ne fais pas un truc super calé et super calculé, il y a une prise de risques. »
Dix-neuf titres en 2011, treize cette fois. C’est de plus en plus difficile de choisir ?
« Ouais, c’est compliqué. Surtout qu’il y a des vieilles chansons incontournables, que j’aime toujours jouer et que le public attend, parce que la musique c’est fait de tas de choses, ça transporte des tas d’histoires. Il y a aussi les anciennes chansons que je ressors de derrière les fagots. Et puis les nouvelles. C’est vrai que je me retrouve avec plein de morceaux, et en même temps je ne peux pas jouer quatre heures… »
Vous avez bâti une carrière solide, mais sans grande exposition médiatique. C’est frustrant ou vous en avez pris votre parti ?
« C’est peut-être le prix à payer pour mon manque de concessions. Je ne voulais pas suivre les diktats de certaines maisons de disques, je ne voulais pas cautionner certaines émissions de télé qu’on me proposait. Je fais de la musique, je ne fais que ce qui m’intéresse. Je ne suis pas le mec bankable qui, à chaque fois qu’il sort un disque, a le super single qu’on passe en priorité. Mais c’est chouette, après toutes ces années, de jouer devant des gens, de remplir des salles, d’être apprécié pour ce que je fais, en toute intégrité. Après, le succès je sais que c’est une chose pernicieuse : on peut être acclamé et rejeté du jour au lendemain. »
Sur « Puzzle 14 », la chanson « Pour quelle bonne raison » résonne avec l’actualité récente…
« Je ne parle pas uniquement de rencontres, d’amour, de peines de cœur. J’ai beaucoup de chansons qui parlent de faits de société, parce que c’est ce qui me turlupine, en fin de compte. Je suis un môme des années 60, une époque où j’ai pensé changer le monde, avec toutes ces utopies et plein de naïveté. J’ai espéré des tas de choses, et évidemment il y a eu des douches froides et des retours de bâton. »
Vous jouerez ce titre en live ?
« Certainement, mais sans emphase, sans opportunisme. J’ai juste fait ça avec des mots très simples, peut-être un soir devant les infos, en voyant « encore un attentat ». »
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