Le décès de Johnny Winter (John
Dawson Winter III pour l'Etat civil) a été annoncé par une simple
publication sur sa page facebook ainsi qu'un bref communiqué de sa
famille.
C'est une page du blues et du
rock'n'roll qui se tourne certes. Mais que nous a il apporté à nous
auditeurs de ses disques, spectateurs de ses concerts ? Il faut
peut être revenir sur la biographie du musicien pour en avoir une
petite idée.
Johnny Winter était né le 23 février
1944, dans la petite ville texane de Beaumont, coincée entre
Houston, la Louisiane et la côte du golfe du Mexique. Son père exploitait une plantation de coton. Il était le
frère aîné d'Edgar Winter, un albinos comme lui, qui a lui aussi
connu du succès au sein du Edgar Winter Group.
Johnny Winter a appris la musique très
jeune. Il a commencé à
l'âge de cinq ans à jouer de la clarinette. A l'age de 10 ans, il
s'accompagne de l'Ukulele et reprend, avec son frère Edgard des
chansons des Everly Brothers. La guitare viendra plus tard.
Selon certains, c’est sa couleur de
peau qui a mené Johnny Winter au blues. Albinos, le Texan dont les
petits camarades moquaient la pâleur, aurait trouvé refuge dans la
complainte du peuple noir.
A l'age de quinze ans sa vie bascule :
«J'ai fait mon premier disque à l'âge de 15 ans, commencé à
jouer dans des clubs à 15 ans. Commencé à boire et fumer à 15
ans. Relation sexuelle à 15 ans. Quinze ans a été une grosse année
pour moi», s'est remémoré Winter en riant dans un documentaire à
paraitre cette année et intitulé Johnny Winter: Down &
Dirty. La bande annonce
circule depuis quelques temps
sur le net.
Cette
année là il enregistre son premier disque, un 45 tours, « School
Day Blues » avec son
frère Edgar après avoir monté un groupe appelé « The
Jammers »
Dix ans plus tard c'est la rencontre
avec Mike Bloomfield (un grand guitariste de l'époque) qui sera le
déclencheur de sa carrière. Ce dernier l’invite sur la scène du
Fillmore East où il doit jouer avec son compère de «Super
Session», le pianiste Al Kooper. Il interprète le «It’s my own
fault» de BB King. C'est à l'écoute de cette interprétation que
les agents de la Columbia présents sur les lieux, le font
« signer ».
Le guitariste sort trois albums en deux
ans : «Johnny Winter», «Second Winter», «Johnny Winter
And»)
Carrière qui s'arrête net quand, en
1970 il interrompt une tournée pour partir en cure de
désintoxication.
Quand on écoute ses albums, ce qui
ressort d'abord c'est son style musical. Son jeu de guitare conjugue
une finesse blues, une précision technique remarquable à une
énergie renversante. En témoignent ses reprises de Highway 61
Revisited de Bob Dylan, le Jumpin Jack Flash des Rolling
Stones ou Johnny B. Goode de Chuck Berry dont il a dit
qu'elle était peut être le morceau de rock'n'roll ultime (Guitar
World 2010). Morceaux qu'il continuait à jouer sur scène. Son jeu
rapide et complexe a laissé plus d'un apprenti musicien pantois et
les doigts bien abîmés. Au delà de la technique, c'est son sens de
la transmission de l'émotion musicale que privilégiait Johnny
Winter. Il a su fusionner l'âme du blues et la rage du rock'n'roll .
« I love blues. I don’t mind a little rock and roll, too, as
long as it’s blues-based rock and roll ». 'Guitar World 2010)
C'est comme çà qu'il a su partager son goût pour le blues à un
moment où le public s'en détournait.
Dans l'interview à la revue Guitar
World citée plus haut, il dit, d'ailleurs : «Pour moi, le
blues contient plus d'émotions que tout autre musique»
Son état d'esprit est important aussi.
Quand Chess records disparaît, il produit Muddy Waters pour le Hard Again
, 1978 - I'm Ready , 1979 - Muddy « Mississippi »
Waters - Live , 1981 - King Bee ) Pour lui c'était rendre
à son maître ce qu'il avait appris de lui. D'ailleurs cette
collaboration fut dans les deux sens car elle permit à Johnny Winter
d'enregistrer également son album Nothin' But The Blues (1977)
avec des membres du groupe de Muddy Waters.
label
Blue Sky. Quatre albums seront édités : (1977 -
Dans sa discographie acoustique il
assume l'héritage des grands fondateurs du blues que sont Robert
Johnson ou Son House. Électricité ou pas c'est l'intensité que met
Johnny Winter dans sa musique qui la rend addictive.
Johnny Winter aura joué pleinement le
rôle que l'on demande à un artiste tout au long de sa vie. Rappeler
en permanence l'importance et l'influence des maître fondateurs du
blues, se l'approprier pour créer son propre style, et surtout la
transmettre à ses auditeurs. Il aura transmit et enrichi le savoir
commun. En gardant toujours à l'esprit que dans le blues émotion et
sincérité priment.
Un nouvel album, intitulé Step
Back, doit sortir début septembre 2014. Il y croise son jeu de
guitare avec quelques grands musiciens comme Eric Clapton, Brian
Setzer, Joe Perry, Billy Gibbons, Ben Harper ou encore Joe Bonamassa.
Je l'attends avec impatience.
Tous ses enregistrements lui permettent
de continuer à vivre à chaque écoute. « I’ve led a very
interesting life! » « J'ai mené une vie très
intéressante » C'était la conclusion d'une interview. Je
rajouterai bien remplie aussi. Qu'il repose en paix.
Une source importante pour comprendre
johnny Winter. Son interview au magasine Guitar World en 2010 :
http://www.guitarworld.com/johnny-winter-still-alive-well?page=0,0
Évidemment, on ne peut pas se passer de vidéo histoire d'écouter et de voir Johnny Winter encore une fois.
Jumping Jack Flas (1974)
Missipi Blues (1979)
Et pour finir, un concert complet: Live At Hondarribia 2011
Tracks:
1.Instrumental Jam
2.Instrumental Jam With Johnny Winter
3.Hideaway
4.Sugar Coated Love
5.She Likes To Boogie Real Low
6.Good Morning Little Schoolgirl
7.Got My Mojo Working
8.Johnny B. Goode
9.Black Jack
10.Tore Down
11.Lone Wolf
12.Don't Take Advantage of Me
13.Boney Moroney
14.It's All Over Now
15.Dust My Broom
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