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dimanche 15 juin 2014

Des Rolling Stones cinglants et fringants au Stade de France (Le Monde)



Ils pourraient être les petits-enfants de ceux dont ils assurent la première partie, vendredi 13 juin, au Stade de France, à Saint-Denis. Ni le lieu, complet de la pelouse aux hauteurs des gradins, ni la perspective d’ouvrir pour « Ladies and gentlemen… The Rolling Stones », n’a l’air d’intimider The Struts. Les quatre « gamins » débarquent sur la grande scène avec l’assurance de ceux qui ont sur leur page Facebook : « Nous sommes nés pour faire ça. Nous mourrons en le faisant. »

« Ça » ? Du rock, basique, crâneur, punk dans l’esprit, allant tâter de quelques coulées pop à l’occasion. Le chanteur, Luke Spiller, roule les « r », attire l’attention. C’est lui qui orne la pochette d’un premier album, Everybody Wants (Universal Music), à paraître fin juillet. Les Stones leur donnent là, à défaut d’un son correct et de quelques projecteurs –- il ne faudrait pas que les gamins volent la vedette –-, une belle tribune.

TRANQUILLE MAIS PAS PÉPÈRE

Peu avant 21 h 30, des cercles rouges apparaissent sur les trois grands écrans en haute définition. Gros plan sur Keith Richards, qui, d’un geste sec, balance le riff d’introduction de Jumpin’Jack Flash. Précis, cinglant. Frisson. Quelque chose laisse penser que Richards et ses camarades, le chanteur Mick Jagger, le batteur Charlie Watts, le guitariste Ron Wood et le bassiste Darryl Jones – arrivé en remplacement de Bill Wyman en 1993 – sont en forme et en accord avec l’intitulé de leur tournée mondiale, « 14 On Fire » (« L’année 2014 en feu »). Trente dates réparties entre le 21 février et le 22 novembre. Dans la suite de la tournée « 50 & Counting », en 2012-2013, du cinquantenaire de la création du groupe, avec ses trente dates également. Tranquille, comparé aux cadences du passé. Tranquille, mais pas pépère. Loin de là.

Jumpin’Jack Flash, You Got Me Rocking, It’s Only Rock’n’Roll et Tumbling Dice pour caler les choses, faire entrer le claviériste Chuck Leavell, les choristes Lisa Fischer et Bernard Fowler et les saxophonistes Tim Ries et Bobby Keys (vétéran de toutes les tournées depuis 1970). La bonne impression se confirme. Gaillards, fringants, en avancée collective : Jagger, vocalement très sûr, fait le spectacle, sans en faire trop ; Richards et Wood se complètent, prennent des relais solistes cadrés, rageurs ; Watts, tout impassible et l’air ailleurs, tient la mécanique à chaque frappe.

UNE SCÈNE SANS ARTIFICES


Pas de dragon phallique, de poupées géantes gonflables, de portiques labyrinthiques pour occuper l’espace comme en d’autres temps. Les Stones sont sur une scène vaste, mais sans artifices (quelques flammes, une séquence fumigène), comme s’ils étaient serrés dans un garage, avec pour seul enjeu de faire réellement vivre leurs titres de gloire (Satisfaction, Honky Tonk Women, Sympathyfor the Devil, Brown Sugar, Bitch, Miss You, Start Me Up…). Joués mille fois ou plus, mais en y prenant ce soir le plaisir de la découverte.

Au plus épatant, on mettra You Got the Silver, chanté par Keith Richards en duo de guitare acoustique au fond du blues avec Ron Wood. Et le rituel accélération-décélération-accélération de Midnight Rambler, pour lequel le guitariste Mick Taylor, qui œuvra dans le groupe de 1969 à 1974, vient en invité. Les compères lui laissent toute latitude soliste. Et les sourires des uns et des autres à l’issue de cet envol ont bien l’air spontanés.

Sylvain Siclier, Le Monde du 14 juin 2014


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