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jeudi 5 décembre 2013

Trois choses à savoir sur le nouveau Cantat (Lexpress)



Le chanteur Bertrand Cantat. afp.com/Sébastien Bozon
Sous le nom de Détroit, un duo formé avec Pascal Humbert, l'ex-leader de Noir Désir présente Horizons. Son premier album depuis le drame de Vilnius.




1. Le thème de l'enfermement.
C'est le cri d'un homme muré dans sa conscience qui résonne dans Horizons, car le disque est un huis clos, un univers cérébral, circulaire et carcéral. Bertrand Cantat opère une longue descente en lui-même pour relater les souvenirs chaotiques qui forment la ronde infernale d'une "âme sans sommeil". Le vocabulaire sans fioritures, même dans ses métaphores, n'enjolive ni ne poétise la vie. Tout ramène inlassablement vers Cantat - ses fantômes (Ange de la désolation), son incarcération et ses colères contre les médias (Horizon). Le chanteur se livre nu dans un chant lancinant saturé d'émotions, qui saisit, trouble et bouscule. Jusqu'à communiquer son mal-être.

2. Un lien avec Noir Désir.
Le lyrisme d'un folk habité (Droit dans le soleil) côtoie la fureur du rock de feu Noir Désir (Le Creux de ta main) ou des ballades en anglais façon R.E.M. avec des références à Radiohead (Null and Void). La voix écorchée par mille morts s'élève parfois comme une prière (Ma muse), mais le fil rouge qui court dans le disque, c'est bien le brouhaha d'une existence. Détroit le retranscrit par des stridences, des mots répétés en écho, des guitares inquiétantes. Les musiques tendues sont sans repos, mais elles cherchent l'apaisement au bout du chaos (Détroit-1).

3. L'hommage à Ferré
. Bertrand Cantat s'amarre au symbolisme éloquent d'Avec le temps. Le morceau, qui ferme Horizons, est traversé par les graves d'une basse de part en part. L'interprétation de Cantat exprime l'inverse de la chanson. Avec le temps, rien ne s'évanouit vraiment.

Par Gilles Médioni (L'Express), publié le 18/11/2013

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