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dimanche 4 août 2013

La créativité du jazz au féminin et en toute diversité (L'Humanité)


Fête de l'Humanité 2013. Durant trois jours, la richesse du jazz made in France sera splendidement représentée sur la scène Jazz’Hum’Ah ! Présence très attendue de Laïka, Élise Caron, Macha Gharibian, Alain Jean-Marie…




Fara C. L'Humanité, le 2 aout 2013    
   
En conviant Laïka, Élise Caron et Macha Gharibian, entre autres, la scène Jazz’Hum’Ah ! de la Fête de l’Humanité braque les feux sur le rôle essentiel des jazzwomen, que trop de médias et programmateurs sous-estiment encore. Si Alain Jean-Marie, pianiste et compositeur de renom international, nous fait l’honneur de lancer les réjouissances (le 13), c’est qu’il nous offre, en exclusivité, une première : son Quintet, qui se consacre au be-bop et comprend deux jeunes instrumentistes parmi les plus inventives, Airelle Besson (trompette) et Anne Paceo (batterie). En 2011, le maestro d’origine guadeloupéenne avait déjà fait appel, pour son Quartet, au tempo fertile de cette dernière. En outre, au cours de son admirable parcours, il a servi, avec la plus grande humilité, des chanteuses d’exception – Abbey Lincoln, Helen Merrill, Dee Dee Bridgewater…


Il mérite aussi que la scène Jazz’Hum’Ah ! tourne les lumières sur lui le temps d’une soirée, parce que, dans la sphère du jazz made in France, les artistes issus de ce que l’on dénomme pudiquement « la diversité » manquent de visibilité, à l’instar des artistes féminines. Il n’y a, en définitive, rien d’étonnant à ce que l’on retrouve, dans le jazz, les mêmes mécanismes et préjugés que dans le reste de la société. Nombre d’organisateurs de concerts jazz préfèrent mettre à l’affiche des Américains. Et, entre un Afro-Français et un Américain (quelles que soient ses origines), ils optent souvent pour le second, parce que « ça fait vraiment jazz », m’a avoué un jour un producteur. Le nouvel album du pianiste antillais, Tropical Blues (chez Emarcy/Universal), enregistré avec son trio Biguine Reflections, illustre à merveille le concept de créolisation établi par Édouard Glissant.

Nous retrouverons Anne Paceo, dont le CD Yôkaï (sur le formidable label indépendant Laborie) fait partie des perles de 2012, et Airelle Besson dans le groupe de Laïka (le 14). Nous avions salué le disque Come A Little Closer (chez Emarcy/Universal), publié par Laïka, chanteuse de l’intime et de la blessure sublimée par un swing qui palpite délicatement. Le 14, deux autres rendez-vous captivants : le duo d’Élise Caron (voix, flûte) avec le raffiné batteur Edward Perraud (goûtez à leur délicieuse galette Bitter Sweets, chez Quark/L’Autre Distribution), puis le triangle d’or que forment Géraldine Laurent (sax), Manu Codjia (guitare) et Christophe Marguet (batterie), dont le CD Looking For Parker (Bee Jazz/Abeille) dévoile une approche lumineuse de l’historique Charlie.

L’opus Mars (Bee Jazz/Abeille) a révélé la chanteuse Macha Gharibian (attendue le 15, en solo). La pianiste et chanteuse arménienne y tisse une superbe tapisserie sonore, l’esprit du jazz habitant des souvenances arméniennes et tsiganes. On conclura les festivités avec la belle alacrité du Trio Siam Sunset et l’inspiration plurielle du pianiste Dominique Fillon, dont l’opus As It Comes (chez Cristal/Harmonia Mundi) recèle une indicible grâce.

Fara C. Vendredi, 2 Août, 2013

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