Gregg Allman |
Quarante ans après le légendaire live au Fillmore de son groupe, le chanteur et organiste publie un album de reprises du répertoire.
Gregg Allman ne s'est pas produit sur une scène parisienne depuis 1990. Le sexagénaire confie d'ailleurs son étonnement en constatant que l'Europe s'intéresse aussi vivement à son nouvel album, le superbe Low Country Blues (Universal). «À nos débuts, nous venions régulièrement nous produire ici. Après le succès du Live at Fillmore East et la mort de mon frère, nous sommes restés aux États-Unis.» Paru en 1971, ce double album live, devenu un des plus mythiques du rock, consacrait le talent de ces deux frères sudistes.
Surdoué de la guitare, Duane Allman disparaissait quelques mois plus tard dans un accident de moto, laissant son frère cadet Gregg (chant, orgue) diriger la formation. Parallèlement, celui qui fut l'époux de six femmes, dont la chanteuse Cher, poursuit depuis 1973 une carrière solo de bonne tenue. Quatorze ans après son dernier album, il a dédié son dernier disque au blues traditionnel qui l'accompagne depuis l'enfance. «La première fois que j'ai entendu cette musique, j'avais 10 ans. Je me suis mis immédiatement à la guitare.»
L'album Low Country Blues (Universal). |
«Ce type est assez fou pour travailler avec moi»
C'est la rencontre fortuite avec T-Bone Burnett qui l'a décidé à consacrer un recueil complet aux douze mesures. «Je l'ai rencontré en 2009, à Memphis, à la fin d'une tournée. Il était en train de prendre les mesures du studio Sun afin de pouvoir en construire une réplique chez lui. Je me suis dit : “Ce type est assez fou pour travailler avec moi.”» Le producteur sélectionne 25 chansons qu'il envoie à Allman. Celui-ci en retient une quinzaine. «Je n'avais jamais entendu parler de lui ou de son travail, et je ne sais pas comment j'avais fait pour passer à côté !»
Le résultat constitue une réussite totale doublée d'une résurrection pour ce survivant qui a passé une bonne partie de l'année 2010 à l'hôpital après une greffe du foie, rattrapé par des années d'excès en tous genres. Un peu voûté, le débit ralenti, l'homme conserve une belle allure, avec ses longs cheveux blonds et sa myriade de tatouages sur les bras. Sa voix n'a jamais été aussi juste et touchante que sur ces morceaux qu'il a empruntés aux plus grands bluesmen. «On peut presque m'entendre respirer sur ce disque, mes émotions y sont complètement à nu», explique-t-il.
Déjà couronné par un bel accueil critique, l'album s'est hissé à la cinquième place des hit-parades américains, à la stupéfaction de son auteur. «L'album était enregistré alors que je me remettais de mon opération, confie-t-il. L'avoir fait m'a aidé à reprendre des forces. Mais je n'ai jamais craint pour ma vie. J'espère surtout avoir le plus de temps possible pour continuer à faire la musique que j'aime.» Quarante ans après la disparition de son frère, Gregg Allman porte haut le flambeau d'un blues électrique proche des racines.
Olivier Nuc, Le Figaro du 15.02.2011
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