« Elle m’a mis la banane ! », « Elle est phénoménale ! Elle a mis la salle à l’envers ! », « Mais elle a quel âge cette petite ? » De qui parlaient ces « fiestards » au front perlant à la sortie de la Salle au sucre ? De la petite Izïa, fille du dégingandé Higelin, qui venait de retourner comme un gant le public de la 18e Fiesta des Suds.
La jeune femme n’a guère qu’un an de plus que le festival qui l’accueille. Et ce soir-là, le phénomène, c’est elle. Mini-short, haut de dentelle et talons aigus, elle porte bien ses rondeurs post-adolescentes. Elle dédicacera même un de ses titres aux « grosses putes » que ses formes assumées dérangent.
On n’est pas toujours poli quand on a 19 ans. Sa spectaculaire furie va même à rebours de toute bienséance. Elle se roule par terre, s’échevèle en « head banging » amphétaminé et hurle ses textes rageurs sans respect pour personne, même pour l’anglais.
On se croirait dans un garage humide où de grands enfants réinventent la musique qu’écoutaient leurs parents. C’est fort réjouissant et cela sent effectivement la dentelle mouillée. Sur scène, Izïa mime un orgasme qui finit en uppercut électrique. Le public chancelle. Et dire que ce talent explosif devrait se bonifier avec les ans...
Chaud et froid
Izïa aurait presque eu sa place sur la grande scène où les élégances pop du sieur Charlie Winston ne réchauffaient qu’à moitié les nombreux fans qui débordaient hors du chapiteau. Le dandy au gilet noir a tout de même du métier. De belle facture, sa musique suit son cours sans jamais vraiment dérailler. Il n’est jamais meilleur que lorsqu’il se laisse aller à des accents funk qui l’endiablent un peu. Mais Charlie est généreux : il danse, chante et exécute le moonwalk sans faire tomber le chapeau. Le public féminin énamouré était à deux doigts de chavirer. Chacun son tour, mesdames.
Sous la même toile un peu plus tôt, Anis avait donné le ton avec ses airs de Charlélie rajeuni. Son reggae aux accents traînant emballe l’ambiance sans trop forcer.
Au final, cette édition resserrée de la Fiesta fait la part belle à la musique. On s’amuse moins dans des recoins secrets, on déambule toujours mais sans shooter dans les verres (ils sont payants et recyclables). On entend surtout de la bonne musique dans des conditions sonores fort acceptables.
De quoi coller un grand sourire à l’homme que l’on nomme Toko Blaze, descendu de sa Plaine pour jouer la voiture balai. Et sur les 17 000 personnes venues guincher, il en restait encore suffisamment pour maintenir ardente cette soirée bien frappée.
BENOIT GILLES La Marseillaise le 18 octobre 2009
La Fiesta reprend jeudi 22 octobre avec une carte blanche à Juan Carmona. Renseignements www.dock-des-suds.org
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